Interview Rush : succès express dans l’action game

Interview Franchiseurs : Rush Action Game

Une aventure entrepreneuriale en franchise à deux​

Pour commencer, est-ce que tu peux te présenter ainsi que la franchise Rush In Action ?

Jane Giraudeau : Bien sûr ! Je m’appelle Jane Giraudeau, je suis la cofondatrice de Rush Action Games. C’est quoi, un action game ? Pour faire simple, c’est un mini Fort Boyard… sans les araignées ni les cafards !
On propose des missions physiques et tactiques, le but étant de marquer un maximum de points dans nos salles de jeu. C’est fun, immersif et familial. On a vraiment voulu créer une expérience de jeu à la fois accessible et intense.

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Et aujourd’hui, combien de franchises Rush sont ouvertes en France ?

Jane Giraudeau : Alors… on en a six ouverts : Bordeaux, Belfort, Angers, Paris, Lille et Pau. Deux sont en travaux : Strasbourg et Marseille. Et on prévoit aussi Toulouse et Lyon pour 2025. Donc, oui… année sportive en perspective !On propose des missions physiques et tactiques, le but étant de marquer un maximum de points dans nos salles de jeu. C’est fun, immersif et familial. On a vraiment voulu créer une expérience de jeu à la fois accessible et intense.

Tu as monté cette aventure avec ton associée Amandine. Qu’est-ce qui t’a donné envie d’entreprendre, et pourquoi à deux ?

Jane Giraudeau : L’envie d’entreprendre, je l’ai toujours eue. Petite, j’écrivais déjà plein de projets dans des carnets. Le secteur du loisir appelle à la créativité, et ça m’a toujours portée. En fait, je ne me suis jamais dit que l’entrepreneuriat n’était pas pour moi. J’aime le challenge !

Mais je ne me voyais pas le faire seule. C’est dense, un projet comme ça. À deux, on peut se compléter, s’épauler, surtout dans les moments plus difficiles. Il faut bien connaître les forces et les faiblesses de l’autre – et ne pas les lui reprocher. Aujourd’hui, on touche toutes les deux à tout, mais sur des pôles différents. C’est une vraie richesse.

Vous vous êtes rencontrées comment, toi et Amandine ?

Jane Giraudeau : Il y a une quinzaine d’années ! C’est une amie. On a eu un vrai coup de cœur pro pendant un voyage entre potes au Portugal. On a testé un escape game repéré sur TripAdvisor – à l’époque, Google n’était pas encore la référence pour ça. On ne comprenait pas trop le concept, mais les avis étaient dithyrambiques. On a adoré.

De retour à Bordeaux, on s’est dit : il faut qu’on fasse ça chez nous ! C’était en 2014-2015. On était jeunes, on ne mesurait pas tout ce que ça impliquait d’ouvrir une société. Mais trois mois plus tard, nos premières salles étaient prêtes. C’était un pari un peu fou. Et dès le premier week-end d’ouverture, l’engouement a été immédiat.

On a tenu sept ans avec notre escape game. Et il y a deux ans, on a lancé Rush. On ne se voyait pas faire cette nouvelle aventure séparément, ça s’est imposé naturellement.

Interview Rush action game farnchiseurs

De l’idée à la franchise

Après ces années dans le loisir, comment avez-vous su que c’était le bon moment pour grandir et devenir un réseau, plutôt qu’une entreprise unique ?

Jane Giraudeau : Ça s’est fait naturellement. On a été contactées très tôt pour faire de la franchise. Grâce à notre première expérience, on s’est senties prêtes à accompagner d’autres porteurs de projet. Même si on ne pensait pas franchiser aussi vite !

Et puis, on voyait que le concept plaisait beaucoup à Bordeaux. Ce serait dommage de le garder pour nous, non ? L’idée, c’était vraiment de le faire découvrir à d’autres, comme toi à Lyon 😄

Et pourquoi avoir choisi précisément le modèle de la franchise ?

Jane Giraudeau : Quand on a lancé notre premier escape game, on avait envie de franchiser, mais on avait la tête dans le guidon. On avait 22 ans, aucune idée du timing, et d’autres franchises se sont lancées avant nous.

Cette fois, on ne voulait pas rater le train. On avait pris en maturité, et surtout, on adore se challenger. On s’est dit : on a construit quelque chose de solide, on sait qu’on peut accompagner d’autres personnes à le faire aussi. Et ça, c’est hyper motivant.

Le plus gros challenge de l’aventure Rush

Quel a été, pour toi, le plus gros challenge dans le développement de Rush ?

Jane Giraudeau : Le plus gros coup dur, c’est quand on bossait avec une société basée à Moscou. On avait tout : les salles quasi prêtes, le local, les financements… Et puis un jour, on entend à la radio : La Russie entre en guerre. Là, tout s’écroule.

La société ne pouvait plus nous livrer, la communication s’est réduite jusqu’à disparaître. On avait déjà versé des acomptes… On s’est retrouvées complètement bloquées.

Il a fallu tout recommencer : trouver un nouveau prestataire, refaire un plan de financement… sans perdre l’envie ni l’énergie. Heureusement qu’on était deux ! Franchement, seule, j’aurais craqué.

Ça a retardé notre ouverture – de presque deux ans. On devait ouvrir bien avant 2023. C’était frustrant, mais au final, on a trouvé un super prestataire en France avec qui on travaille encore aujourd’hui. C’est une belle leçon, mais ça a été un moment très dur. On a versé les accounts. Là tu te dis : qu’est-ce qu’on fait ? Mais c’est ça aussi, l’entrepreneuriat. Quand tout va bien, c’est super. Mais il y a aussi les moments où il faut faire face à des aléas. Ce n’est pas facile, mais c’est un challenge. Et quand tu le relèves, tu es contente. Mais tu sais aussi par quoi tu es passée avant. C’est d’autant plus satisfaisant quand tu sais par où tu es passée. Ce n’était pas du tout cuit, on va dire.

C’est quoi les erreurs les plus fréquentes en entrepreneuriat que tu peux observer ? Et comment est-ce que toi, tu les as évitées – ou pas – dans le parcours avec Rush ?

Jane Giraudeau : Déjà, bien s’entourer. C’est hyper important, vraiment. Ensuite, je dirais : l’organisation. Avec mon associée, on a une expression : on est en mode escargots. Tu sais, les escargots avec les yeux qui partent dans tous les sens. Nos journées, c’est ça. Du coup maintenant, on a une to-do et on met les gros trucs en rouge. Ce sont les priorités du jour. Parce que dans la journée, tu vas recevoir un mail urgent, un franchisé va t’appeler, etc. Donc ta to-do déborde, et toi aussi. Et si tu ne veux pas finir à 23h pour faire ce que tu n’as pas eu le temps de faire dans la journée, il faut vraiment arriver à gérer ses priorités et bien s’organiser. C’est une vraie difficulté, surtout quand on n’est que deux à tout gérer. C’est très sport.

Et puis, il faut savoir déléguer. Il y a plein de choses à faire en même temps, donc à un moment donné, ce n’est plus possible de tout gérer seule.

Sur le monde de la franchise en lui-même, le plus dur, ça a été qu’on ne s’est pas structuré au départ comme une franchise. On voyait Rush à Bordeaux. Et en fait, il a fallu très vite se structurer et adopter un regard de franchiseur. On a dû tout rechanger : le branding, les sites internet… Beaucoup de choses. Si on l’avait pensé en amont, je pense qu’on aurait gagné du temps. Donc peut-être que notre erreur au départ, ça a été de ne pas penser “franchise” dès le début.

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Quand tu dis le début, c’est jusqu’à combien de franchisés à peu près ?

Jane Giraudeau : Je dirais que pour les premiers, deuxième, troisième franchisés, tu peux encore t’en sortir avec une organisation d’entreprise classique. Mais passé un certain volume, il faut clairement structurer différemment.

Même sur le branding, c’est quelque chose qu’on n’avait pas anticipé, et ça prend beaucoup de temps. C’est très énergivore.

Et en parallèle, tu as tes franchisés qui comptent sur toi. Les premiers, tu les gères comme ton entreprise, mais tu comprends vite qu’il faut faire autrement. Il faut leur apporter des supports pour qu’ils soient à l’aise, mais aussi pour être toi-même moins sollicitée.

Structurer, ça prend du temps. Mais quand on compare nos premiers franchisés et ceux qu’on a maintenant, l’approche est très différente. C’est de plus en plus fluide, et c’est vers ça qu’on veut aller. Mais c’est un vrai travail. C’est très dur d’homogénéiser. Sinon, chacun part dans tous les sens. On revient toujours à l’escargot. Il faut cadrer, faire des process, faire comprendre qu’on fait partie d’une marque et qu’il y a des choses à respecter. Ce n’est pas évident à gérer au quotidien.

On est très proches des franchisés, mais parfois, il faut aussi avoir une casquette un peu plus ferme, dire que ça ne va pas, qu’il faut changer certaines choses. Ce n’est pas évident à équilibrer.

Un accompagnement pour les franchisés Rush

Au quotidien, comment est-ce que tu accompagnes ton réseau ?

Jane Giraudeau : Il y a plusieurs phases. Avant qu’on démarre, on fait connaissance avec le franchisé, on découvre son profil, son parcours. Il vient tester Rush. C’est une phase informative. Ensuite, il y a la partie des travaux. C’est celle qui nous demande le plus de temps. On est sur l’accompagnement technique. Puis, il y a l’ouverture et le post-ouverture, où on est plus sur des conseils en communication, RH, marketing, etc.

Donc on a un accompagnement en trois temps : informatif, technique, et marketing.

Vous utilisez des outils digitaux pour structurer tout ça ?

Jane Giraudeau : Oui. On a mis en place la Rush School, sur Notion. C’est un espace accessible à tous les franchisés. Ils y trouvent des ressources techniques (par exemple, un tuto pour réparer quelque chose dans le parcours), des conseils RH, des fiches pour former un Game Master, etc.

On a aussi Slack, que tu connais peut-être, pour les échanges en interne avec les franchisés. Et WhatsApp, pour les urgences ou la communication rapide. Aujourd’hui, ce sont nos trois canaux principaux avec le réseau.

Et sur la culture d’entreprise ? Comment on fait pour créer une culture d’entreprise quand on est répartis partout en France ?

Jane Giraudeau : Pour l’instant, on ne peut pas encore dire qu’on a une culture d’entreprise très forte. Rush est encore jeune. Le plus vieux des établissements a cinq mois. C’est encore un peu tôt. Mais évidemment, on veut mettre en place des moments de rencontre, au moins une fois par an, pour qu’on puisse tous se retrouver, partager, faire des activités ensemble. On veut créer cette petite famille.

Déjà, certains franchisés commencent à bien se connaître. Ceux de Marseille, par exemple, ont rencontré ceux de Paris. Il y a déjà des liens qui se créent.

Je pense que cette année va être une année charnière pour poser les bases d’une vraie culture d’entreprise.

C’est quoi les critères que tu recherches chez un franchisé Rush ?

Jane Giraudeau : On va dire quelqu’un qui, évidemment, va être dynamique. Et s’il a déjà une expérience dans le domaine du loisir ou dans la gestion d’entreprise, forcément, c’est un vrai plus. Et quelqu’un qui soit polyvalent, parce qu’aujourd’hui, être entrepreneur, c’est être un couteau suisse.

Tu peux commencer la journée avec une visio juridique à 8h, déjeuner avec ton comptable à midi, devoir réparer quelque chose à 14h, puis faire un entretien RH dans l’après-midi. En fait, il n’y a pas de journée type. Il faut savoir un peu tout faire. C’est ça aussi qui peut être difficile, mais aussi excitant. Plus la personne est polyvalente, plus c’est rassurant pour nous.

Et comme je le disais, une expérience dans le loisir ou dans la gestion d’entreprise, c’est un vrai plus. On a tous les profils, mais beaucoup de gens s’imaginent que travailler dans le loisir, c’est “cool”, “chill”. Oui, c’est chill pour les joueurs, parce qu’on leur propose du fun. Mais pour nous, ça reste une entreprise, et il faut savoir la gérer. Ce n’est pas le Club Med. Il y a encore cette image-là : “c’est du loisir, donc c’est léger”, mais ce n’est pas vrai. C’est comme gérer n’importe quelle boîte, avec juste un peu plus de fun dans le produit.

Du coup, les projets d’internationalisation, c’est pour bientôt ?

Jane Giraudeau : L’objectif avec la production, c’est d’ouvrir entre six et huit centres par an. Et à terme, oui, on veut s’exporter hors de France. On pense à des villes comme Bruxelles, Barcelone ou Berlin, où il y a un vrai engouement pour les loisirs.

Ce serait un super objectif. Mais comme on est encore peu connus à l’étranger, il faudra certainement une stratégie spécifique. On avance par étapes. D’abord la France, puis un peu plus loin. Et si on peut aller encore plus loin, on ira. Mais chaque chose en son temps. On structure, et on progresse petit à petit.

Peut-être le Portugal, pour boucler la boucle ?

Jane Giraudeau : Exactement. Et d’ailleurs, on a été sollicités récemment pour une ville au Portugal. Donc, affaire à suivre. Mais oui, l’Espagne, le Portugal, l’Allemagne, la Suisse… ce sont des zones qui nous attirent. On espère que d’ici 2026, on aura un petit Rush quelque part en Europe. Ce serait un super objectif pour mon associée et moi.